Lors d’un entretien de recrutement, on évalue deux dimensions qu’on peut résumer ainsi : le savoir-faire et le savoir-être.
Dans cet article, je ne parlerai pas du savoir-faire. Vous savez les compétences techniques que vous recherchez chez votre futur collaborateur. Les moyens de les évaluer sont multiples : les questions techniques, la vérification des diplômes, les tests, etc.
Ici, nous allons plutôt parler du savoir-être et plus précisément des traits de caractère.
Dans ce domaine, on aimerait pouvoir faire confiance à son feeling. Néanmoins, la peur de se tromper est grande. « Ce candidat si affable n’est-il pas en train de jouer la comédie? Sera-t-il toujours aussi détendu face aux premières difficultés ou toujours autant motivé une fois sa période d’essaie terminée?… »
J’ai accompagnée en coaching Claire, la jeune propriétaire d’une boutique de commerce équitable dans Paris. Elle avait embauché quelques mois plus tôt une vendeuse à temps plein qui s’était montrée parfaite pendant l’entretien d’embauche et qui était devenue le cauchemar de Claire quelques mois plus tard…
Mais alors comment « fiabiliser » son intuition ?
Il ne s’agit de se dire : « Je sens que c’est une personne sérieuse et sympathique donc je l’embauche. » C’est plus compliqué mais, vous allez voir, avec les bons outils tout le monde peut s’appuyer sur son intuition.
Le secret pour faire confiance à son feeling, lors d’un entretien d’embauche et dans tous les autres domaines, et de bien se connaître : savoir qui on est et ce qu’on veut.
Savoir ce qu’on veut
Pour savoir ce que vous voulez, je vous propose un petit exercice simple à faire avant de démarrer le processus de recrutement.
1ère étape : Listez 10 personnes de votre quotidien. Notez leur prénom dans une première colonne. En face de chaque prénom, notez « OUI » si vous aimeriez travailler avec cette personne et « NON » pour celles avec qui vous n’aimeriez pas travailler. Ensuite, prenez le temps de réfléchir pour chaque personne à ce qui a motivé votre réponse (type de personnalité, trait de caractère, habitude, façon de réagir…). Notez dans 2 nouvelles colonnes ce qui vous donne envie de travailler avec cette personne et au contraire ce pourquoi vous ne voudriez pas travailler avec elle.

2ème étape : retenez les 3 critères qui sont les plus importants pour vous pour recruter et les 3 critères qui sont rédhibitoires.
3ème étape : pour chacun de ses critères, définissez comment l’évaluer subtilement en entretien. Je vous déconseille bien sûr les questions trop directes du style « Est-ce que stressez à la première difficulté? ». Privilégiez plutôt les « mises en situation », par exemple : « Vous êtes en rendez-vous avec un client et celui-ci vous informe qu’il veut rompre son contrat, que faites-vous? »
Cet exercice vous permet de connaître vos besoins. Si, en faisant ce travail, vous réalisez que vous ne voulez travailler avec aucune des personnes que vous avez sélectionnées, ce n’est pas grave puisque vous pouvez quand même lister leurs qualités et commencer ainsi à dresser le portrait robot de votre candidat idéal. Et si jamais, vous n’arrivez à identifier aucune qualité qui vous donnerait envie de travailler avec quelqu’un, je me permets de vous conseiller une séance avec un coach en intelligence émotionnelle et relationnelle pour lever d’éventuels blocages sur le travail en équipe et les contraintes qui y sont associées.
Savoir qui on est
Le deuxième point essentiel pour aiguiser son intuition, et de savoir qui on est, c’est-à-dire connaître ses qualités et ses défauts.
Si par exemple, vous savez que vous avez toujours besoin d’être rassuré, vous allez devoir recruter une personne communicante et patiente.
Se regarder tel qu’on est vraiment demande beaucoup d’humilité. Ce n’est pas toujours facile de reconnaître qu’on est trop bavard ou très autoritaire. Pour réussir cet exercice, appuyez-vous sur l’un des piliers de ma méthode, la Méthode LAMBO®, que je décris dans le premier chapitre de mon livre Ce que la forêt m’a appris : se dire la vérité à soi-même à propos de soi-même.
En listant vos qualités et vos défauts, vous pourrez affiner les résultats du premier exercice.

Engager une conversation authentique
Pour pouvoir vous appuyer sur votre intuition lors d’un entretien d’embauche, il existe un troisième point INDISPENSABLE : vous devez engager la conversation la plus authentique possible avec le candidat.
Pour voir la vraie personnalité de quelqu’un, le mieux est de le mettre à l’aise. Pour cela, ne cherchez pas à être trop formel et ne prenez pas tout de suite une posture de chef. Si vous vous comportez ainsi, vous risquez de rigidifier l’échange. Soyez vous-même authentique, c’est très important.
Pour détendre l’atmosphère, je vous invite à démarrer la conversation par un sujet léger qui permettra au candidat de s’exprimer sans avoir peur de donner une « mauvaise réponse ». Demandez-lui par exemple comment s’est passé son trajet? Quel moyen de locomotion a-t-il emprunté? Le trafic était-il fluide? A-t-il pu trouver l’adresse facilement? etc.
Pour finir, je voudrais attirer votre attention sur deux critères d’embauche qui sont, d’après moi, non négociables :
vous devez vous sentir à l’aise avec la personne pendant l’entretien;
la communication doit être fluide entre vous, vous devez vous comprendre parfaitement et vous laisser parler mutuellement.
En conclusion, on peut faire confiance à son feeling lors d’un entretien d’embauche mais cela nécessite quelques pré-requis : se connaître (savoir qui est on et ce qu’on veut) et engager une conversation authentique avec le candidat. Dans ces conditions, votre intuition va être une excellente alliée lors de vos recrutements!
Merci pour ces bons conseils !